Création le 28 novembre 2020
Née dans les montagnes de Kabylie, Nadia Hamam a grandi au rythme des roulis des tamis et des vapeurs des couscoussiers. Après quelques années dans la communication culturelle et l’évènementiel, elle s’est spécialisée dans le voyage et la tendance, elle collabore régulièrement avec la revue Géo.
Passionnée d’écologie et d’art de vivre, Nadia Hamam voyage aux quatre coins du monde en observatrice de sociétés, archaïques ou contemporaines. C’est en arrivant en France, en Île de France, que Nadia Hamam s’aperçoit qu’il n’y a pas "un" couscous, mais mille et une traditions familiales. Et c’est au fil de ses voyages, qu’elle découvre d’autres recettes, comme le couscous de maïs brésilien au lait de coco. Ce sont ces secrets de préparation qu’elle livre dans un tour de la planète culinaire original : Les mondes du couscous.
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Dans un numéro spécial de Géo, consacré à la « Tunisie, ses tréors méconnus », Nadia Hamam a consacré un article sur la Médina de Tunis, dans le labyrinthe de la ville arabe. Les illustrations sont de Emna Maasmoudi, diplômée des Beaux-Arts de Paris, et responsable des achats dans un groupe industriel. D’autres illustrations sont personnelles prises lors d’une visite guidée dans la Médina.
Le présent article fait suite à l'article "Médina de Tunis 1" :
https://tunisiekersco.blogspot.com/search/label/5%20-%20LA%20M%C3%89DINA%20DE%20TUNIS%201
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En 1253, Tunis devient la capitale de la dynastie hafside. Aujourd’hui encore, les palais et les mosquées de la vieille ville, avec leurs dômes immaculés et leurs minarets témoignent de ce passé prestigieux. Ils ont un style qui marie avec bonheur les héritages ottomans et hispano-mauresque.
Les
Hafsides (arabe : الحفصيّون al-Ḥafsioun,
berbère : ⵉⵃⴰⴼⵙⵉⵢⵏ Iḥafsiyen) sont une dynastie d'origine berbère
masmoudienne qui gouverne, puis règne sur l'Ifriqiya entre 1207 et 1574,
année de l'annexion de la Tunisie par l'Empire ottoman en 1574.
L'empire hafside soumet l'Algérie médiane, allant même jusqu'à imposer sa suzeraineté au royaume de Tlemcen, au Maroc septentrional et à l'Espagne des Nasrides de Grenade. Sa capitale, Tunis, fut largement dotée d'édifices religieux et administratifs et devint un grand centre commercial ayant des relations avec la Catalogne, la Provence et les cités marchandes italiennes ; les communautés chrétiennes de ces pays se développèrent à Tunis ; Abou Zakariyyā entretint des rapports cordiaux avec le roi d'Aragon, cependant que des musulmans d'Espagne (les « Andalous ») venaient se refugier en Ifrīqiyya.
C’est le dimanche qu’il faut découvrir Tunis, quand le marché central, dans la ville moderne, est envahi par ses habitants venus faire le plein de victuailles. Au rayon des fromages, on se croirait en Italie. Au-dessus des poissonniers, d’immenses queues de poisson séchées pendent ça et là : ces grigris, sur lesquels on appose souvent de fines broderies seront suspendus dans la maison pour éloigner le mauvais sort. Le tajine local est une omelette mixte proche de la tortilla espagnole. Le couscous au poisson est le fruit d’une longue cohabitation entre les Musulmans et les Juifs.
Tunis est probablement la plus méditerranéenne des cités : il suffit de joindre la Médina à partir du marché central.
La vieille ville est entièrement dédiée au commerce. C’est dans les souks de la Médina que s’achètent par exemple les indispensables couffins blancs de la mariée, ou les tenues scintillantes que porteront les petits garçons le jour de leur circoncision. Les flots de touristes viennent visiter cette médina classée au patrimoine mondial de l’humanité. Les derniers vendeurs guettent la fermeture de quatorze heures et vous guident volontiers vers les salles aux multiples alcôves : lits de beys immenses ruisselants d’or, couloirs ornés de miroirs ou cristaux importés de Venise, coffres couverts d’argent ou de nacre …
Les souks sont spécialisés : de la laine, des étoffes, des parfumeurs, du cuivre …
Bien des coupoles ou « koubba »se détachent de la masse blanche et ciselée de la Médina. Elles coiffent les somptueux mausolées turcs abritant des sépultures sophistiquées. Tunis - Tounès ou Ténes - , issu de la racine berbère « ens », signifie le relai, l’endroit où l’on passe la nuit. Elle commande un nœud de voies qui la relie aux quatre coins du pays, puis du continent.