Création le 1 novembre 2018
Théodore Valensi est un homme politique français né le 21 juin 1886 à Tunis et décédé le 10 septembre 1959 à Nice (Alpes-Maritimes).
Avocat à Paris, il est élu député de la Haute-Saône en 1928, mais son élection est invalidée, et il est battu lors de l'élection partielle qui suit. Il retrouve son siège de 1932 à 1936, et s'inscrit au groupe Républicain socialiste. Arrêté en août 1941 avec 51 autres avocats juifs, il est interné au camp de Drancy. Un quotidien collaborationniste, Paris-Soir, publie un reportage antisémite consacré à Valensi et ses collègues sous le titre « Je les ai vus, ces juifs millionnaires, ex-célébrités du barreau parisien internés dans un camp proche de notre capitale ».
Il est attaché financier aux États-Unis de 1947 à 1948, puis reprend son activité d'avocat tout en écrivant des romans.
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C'est un roman d'amour et de désamour franco-tunisien. C'est aussi un glossaire arabo-français sur les prénoms, etc. Il peut être assimilé à une pièce de théâtre :
ACTE 1 - L'ORIGINE FRANÇAISE
Suite à un désespoir d'amour, Fanny Desprès, née au quartier latin, veut prendre le large et se fait embaucher, en tant qu'institutrice, par une famille de colons français influents de Tunis, les Grandier.
Après la perte de ses parents, la Tunisie devient son "lieu de vie". Elle rencontre sur la plage un jeune officier du Bey, Kaïs ben Kaddor, que connaît Monsieur Grandier. Ils sympathisent, s'aiment et se marient.
Pour cela, Fanny devient musulmane sous le nom de Leilla. Elle est une femme comblée ; neuf mois après, elle met au monde une fille, Yasmina (Fleur de jasmin).
ACTE 2 - L'ISLAMISATION
"On" marie Yasmina à Afsen, déjà marié. Mais une diseuse de bonne aventure lui prédit de pénibles épreuves. Et pourtant tout commence bien. Sa gouvernante, Ahlima, l'eunuque de service, Farhat (Bonheur), tous lui souhaitent la bienvenue : "Tu es le soleil éclatant qui vient vivifier cette maison".
Mais son mari, qui est âgé, ne l'aime pas. Manoubia, sa première femme, ne l'aime pas non plus ; Yasmina dépérit.
Tout s'enchaîne : Hector revient à Tunis et veut revoir discrètement Yasmina. Les domestiques sont vite au courant, et finalement plus ou moins complices. Les deux amoureux finissent par se rencontrer à plusieurs reprises, mais la sympathique Ahlima met Yasmina en garde.
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Souk El Attarine |
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Souk El Trouk |
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Place Bab Souka 1890 |
Yasmina s'habille à l'européenne, ce qui leur permet de déambuler dans les voies principales de Tunis, mais aussi dans les souks.
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Place Halfaouine |
Vient le moment où Yasmina reçoit Hector pour la nuit. Ahlima l'aide à se parer : "Ô mon rayon de lune, auprès de toi les sultanes elles-mêmes ressemblent à des servantes".
Mais Farhat, l'eunuque, tient à sa vengeance contre Afsen, et pour cela se sert de Yasmina ; il lui raconte une histoire terrible qu'il a vécue dans cette maison :
Zakia, épouse de Mahmoud - un ancêtre d'Afsen - s'éprend de Nouredine. Mahmoud les surprend, torture et tue Zakia. Il tuera aussi Nouredine le lendemain dans la rue.
Farhat fait entrer Yasmina dans la "Chambre du châtiment", où sont conservés les armes des crimes, les mains et les yeux de Zakia.
Yasmina est bouleversée, elle se confie à Hector en se promenant dans les souks de Tunis.
Cette révélation de Farhat n'est pas innocente, car il lance Yasmina dans la course à l'abîme. Puis il met le doute dans l'esprit d'Afsen, qui est loin de Tunis et délaisse Yasmina.
Ce qui devait arriver arrive : Yasmina tombe enceinte.
ACTE 4 - LA MORT
Tandis qu'Hector propose la fuite à Yasmina, Afsen annonce son arrivée. Sa première réaction est de demander des comptes à Yasmina sur ses multiples sorties en ville. Elle se tait obstinément. Alors Afsen se lance sur elle, qui saisit le poignard que porte Afsen, et se suicide.
Yasmina est morte. Pendant les funérailles, un homme exangue, les yeux révulsés, suit péniblement le convoi. C'est Hector. Personne ne sait où est Afsen ; Ahlima devient folle et Farhat a disparu.
Afsen est retrouvé, soupçonné, arrêté. Il clame son innocence. Quant à Hector, il reçoit une lettre qu'on a retrouvé sur le corps de Yasmina, dans laquelle elle annonce son intention de se suicider, la seule issue pour eux.
Hector est anéanti, tandis que s'ouvre le procès d'Afsen, que tout désigne comme le coupable. Quant à Farhat, le mauvais génie de ce drame, il a disparu en emportant avec lui la cassette de bijoux de sa maîtresse.
Malgré la plaidoirie de son avocat parisien, Afsen est condamné à mort et va être pendu. Mais, suivant la coutume, sa vie peut être rachetée par le versement d'une importante somme d'argent destinée aux pauvres.
ACTE 5 - LA RÉSURRECTION
En action de grâce, Afsen part pour la Mecque, tandis qu'Hector se dévoue corps et âme pour sauver le peuple tunisien du choléra. Il a bien la lettre d'aveu et d'adieu de Yasmina, mais la remettre à la Justice dévoilerait leur amour.
Survient un coup de théâtre : Ahlima retrouve peu à peu la raison et témoigne de l'innocence d'Afsen. Hector trouve enfin sa voie : il sera Musulman, en communion avec Yasmina. Il apprend le Coran, l'enseigne, devient célèbre, et est révéré dans le Maghreb sous le nom de Cheik-ul-Islam (grand pontife de l'Islam).
Quant à Farhat, son remord le conduit sur la tombe de Yasmina, où il meurt avec entre ses mains la cassette de bijoux.
ACTE 6 - CONCLUSION
Que penser de ce roman ? Il a été vécu comme un drame de la société civile tunisienne d'entre les deux guerres en ce début de mondialisation.