mercredi 17 décembre 2014

LA COLONNE LECLERC 1




Modification 1 le 22 décembre 2014 : défense du fort de Koufra

Pour qui veut en savoir plus sur l'épopée de la Colonne Leclerc, qui deviendra ensuite la Deuxième DB, ce livre est idéal. Abondamment illustré, c'est un parfait journal de marche collectif. Cinq années de travail ont été nécessaires pour retracer de façon précise, à partir de sources inédites, cette "geste" des premiers chevaliers de la France Libre. Cet ouvrage éclaire d'un jour nouveau une période capitale de notre histoire et rend hommage aux hommes de Leclerc, ces "combattants de l'impossible".

Le livre ne saurait se résumer, mais il rafraîchit les souvenirs :



LE GOUVERNEUR FÉLIX ÉBOUÉ

- Le Gouverneur Félix ÉBOUÉ est issu de « nouveaux libres » (esclaves émancipés par l'abolition de 1848).


À l'occasion de la remise solennelle des prix le 1er juillet 1937 au lycée Carnot de Pointe-à-Pitre, Félix Éboué adresse à la Jeunesse d'Outre-Mer son célèbre discours « Jouer le jeu » dont voici quelques extraits :
« Jouer le jeu, c'est être désintéressé ;

- Jouer le jeu, c'est piétiner les préjugés, tous les préjugés et apprendre à baser l'échelle des valeurs sur les critères de l'esprit ;
- Jouer le jeu, c'est mépriser les intrigues et les cabales, ne jamais abdiquer, malgré les clameurs ou menaces, c'est poursuivre la route droite qu'on s'est tracée ;
- Jouer le jeu, c'est savoir tirer son chapeau devant les authentiques valeurs qui s'imposent et faire un pied-de-nez aux pédants et aux attardés ;
- Jouer le jeu, c'est aimer les hommes, tous les hommes et se dire qu'ils sont tous bâtis sur une commune mesure humaine qui est faite de qualités et de défauts ;
- Jouer le jeu, c'est mériter notre libération et signifier la sainteté, la pureté de notre esprit... »


En 1940, en tant que Gouverneur du Tchad, il "joue le jeu", et le 26 août, à la mairie de Fort-Lamy, il proclame, avec le colonel Marchand, commandant militaire du territoire, le ralliement officiel du Tchad au général de Gaulle, donnant ainsi « le signal de redressement de l'empire tout entier » et une légitimité politique à la France libre, jusqu'alors dépourvue de tout territoire.

À l'intérieur de l'École de la France d'outre-mer le souvenir de l'élève-administrateur de 1908, le samedi 21 janvier 1950 en présence notamment de Gaston Monnerville, de Madame Éboué et de Madame Pavie (veuve du fondateur de l'École Coloniale en 1889), un marbre fut dévoilé où l'on lit cette inscription :


« À LA MÉMOIRE DU GOUVERNEUR GÉNÉRAL FÉLIX ÉBOUÉ


PREMIER RÉSISTANT DE LA FRANCE D'OUTRE-MER

NÉ À CAYENNE LE 26 DÉCEMBRE 1884
BREVETÉ DE L'ÉCOLE COLONIALE (1908)

DÉCÉDÉ AU CAIRE LE 17 MAI 1944

TRANSFÉRÉ A L'ÉCOLE, PUIS AU PANTHÉON LE 20 MAI 1949 »



LE GÉNÉRAL LECLERC
 

- Le Général Leclerc, (Philippe Marie de Hautecloque) a pris le"nom de guerre" de Leclerc pour éviter des représailles sur sa famille. Major de Saint-Cyr ("élève hors pair, ardent, passionné, de conduite irréprochable, ayant l'étoffe d'un officier de la plus grande valeur"). Deux demandes lui seront nécessaires pour obtenir son affectation au Maroc. Marié le 11 août 1925, il rejoint le 8 ème Spahi à Taza trois jours plus tard.

http://marockersco.blogspot.fr/search/label/a%2010%20LECLERC%20AU%20MAROC
 

Mai 1940 - Blessé, il échappe aux Allemands en sautant par la fenêtre de l'infirmerie, et rejoint Madrid en se faisant passer pour un marchand de vin à bicyclette. Le 25 juillet il se présente au Chef des Français Libres. Sur son dossier militaire figure :"Attention dissident, condamné à mort par contumace".
 

L'opération "Menace" alias force "M" a pour objectif Dakar et est en majorité britannique. C'est un échec qui laisse les Français Libres dans une situation équivoque. Pour la dissiper, le 8 octobre, les éléments français de la force "M" débarquent à Douala sous les ovations de la population camerounaise. C'est au tour du Gabon. Libreville est prise le 10 novembre 1940. Le Gouverneur Éboué a rallié le Tchad dès août. 

Leclerc s'envole y prendre le commandement militaire. Il s'emploie à refondre les mentalités. En tant que cavalier, il impose l'esprit  de l'action rapide, de la manœuvre enlevée et inculque les bases de la guerre éclair, une tactique que les Allemands ont si bien exploitée en juin 1940.


Section d'artillerie montée


Inspection à l'aérodrome de Faya

Les volontaires sont rassemblés pour la grande aventure : moins de trois semaines plus tard, le premier raid français est lancé sur le territoire ennemi.




Après un raid sur Mourzouk, l'objectif est Koufra. Pourquoi Koufra ? Découverte au début du XIXème siècle par un indigène qui poursuivait un chameau égaré, l'oasis de Koufra devient en quelques années la principale forteresse senoussis de Libye. C'est un havre de verdure au milieu des sables. "Koufra, miracle de la nature, oasis fabuleuse sortie d'un conte des Mille et Une Nuits, possède deux lacs d'un bleu de saphir, des milliers de dattiers clairsemés sur les hautes pentes, du blé à profusion et même de la vigne." (B. Kennedy Shaw)

Koufra est donc un verrou stratégique défendu par une Sahariana italienne équipée de 19 véhicules. Le fort est lui-même protégé par une garnison de quatre compagnies.

L'organisation d'une opération contre Koufra repose essentiellement sur la qualité de la logistique. 150 000 litres d'essence et un mois de vivres sont acheminés par une noria de  radeaux remontant les fleuves navigables. Le carburant est transvasé dans des futs de 54 litres et chargé sur des chameaux.

Ambiance exceptionnelle : un détachement de 400 hommes sorti du néant, prêt à parcourir sans couverture aérienne 500 kilomètres de rochers et de sable sur des pistes inconnues, avec la prétention de déloger une garnison italienne solidement retranchée dans l'une des oasis les mieux défendues du sud libyen.

Après une reconnaissance de nuit, Leclerc décide de forcer le destin. Après neuf jours de siège, il obtient une reddition tambour battant. Le lieutenant Ceccaldi décrit son entrée dans la citadelle : "En arrivant, j'ai la stupéfaction de trouver une dizaine d'officiers parfaitement alignés, en grande tenue, bottes et capes noires doublées de rouge, c'est magnifique et imposant. Ils ne sont pas là pour moi, bien sûr, mais je profite et je jouis de ce beau spectacle. Ils me regardent aussi d'un air étonné. Je suis pied nu, en mauvais pull-over kaki, pas rasé, un chèche sur la tête en guise de coiffure."




Le 2 mars à 8 heures, le détachement français est rassemblé dans la cour du fort. Après avoir fait hisser les couleurs, Leclerc salue, puis il prononce une déclaration qui se serait achevée par ces mots :"Nous sommes en marche, nous ne nous arrêterons que lorsque le drapeau français flottera sur la cathédrale de Strasbourg ..." Elle deviendra bien plus tard le célèbre "serment de Koufra".



 spahi marocain

  Mais, en prévision de possibles raids ennemis, il faut défendre Koufra. Voici donc les dispositions prises :




Puis ce sont des raids sur le Fezzan et la poursuite en Tunisie.



Et enfin une entrée triomphale à Tunis. Au milieu de la liesse générale, soldats alliés, soldats de l'Armée d'Afrique et Français Libres défilent en vainqueurs. 
 
Défilé de la force "L" à Tunis

À la fin de la campagne de Tunisie, l'épopée des Français Libres est diffusée par la presse et les ondes. Elle va motiver de nombreux volontaires : civils d'AFN, déserteurs de l'armée d'Afrique évadés par l'Espagne à rejoindre l'armée de De Gaulle maintenant connue comme celle qui n'a jamais cessé de se battre.

La force "L" comme "Leclerc" va se métamorphoser en Deuxième division blindée.